Carnet de voyage
J'ai appris, Monsieur, avec beaucoup de joie, que vous étiez de retour de votre voyage de long cours tout couvert de gloire par les incroyables succès que vous avez eus dans votre entreprise, la plus belle et la plus grande qu'on puisse imaginer et tenter. J'ai lu plusieurs fois votre relation qui est très bien détaillée, faisant parfaitement connaître toute l'action, les grandes forces ennemis, leurs fortifications et leurs grands retranchements, et encore mieux votre grande conduite et votre valeur ordinaire, quelque modèle que vous soyez sur votre sujet.
Je suis en chemin pour me rendre à la cour et à Paris, où j'entendrai avec plaisir parler de vos faits et de ceux de vos compagnons de gloire. Je vous prie d'assurer Messieurs de Courferac, de Goyon, de Bauve, de la Taille, de la Rufinière, et tous ces Messieurs de qui vous parlez si honorablement, combien je suis sensible à la gloire qu'ils ont acquis et à leur heureux retour. Il faut à présent que vous donniez le temps à votre santé de se rétablir et de se fortifier assez pour pouvoir suivre votre courage dans les occasions qui pourront dans la suite survenir, si Dieu ne nous donne pas la paix. Je m'intéresserais toujours plus que personne à tout ce qui vous arrivera, vous honorant depuis longtemps, et étant avec toute l'estime possible, Monsieur.