Carnet de voyage
Mort de Victor Hugo La France pleure le plus grand poète qui l’ait charmée au XIXe siècle, l’écrivain illustre dont la gloire rejaillissait sur elle dans le monde entier. Victor Hugo est mort, dans cet hôtel rempli de fleurs où il recevait, naguère encore, toujours vert et souriant, ses amis et ses admirateurs. Il avait quatre vingt-trois ans depuis le 26 février, mais il paraissait toujours jeune, et l’on s’était si bien habitué à voir ce front puissant braver les années, que cette mort a surpris la France comme une catastrophe imprévue. Quel est le citoyen français qui ne se sent atteint par la disparition de ce grand vieillard, glore vivante de la patrie ! Depuis soixante ans, Victor Hugo l’aimait, cette patrie, et la faisait aimer. Pas une de ses douleurs qui ne lui ait arraché un cri de colère ou de pitié; il la voulait grande, il la voulait libre. Pour elle, il fut tour à tour tendre comme Virgile et véhément comme Juvénal, le poète de l’Année terrible et justicier des Châtiments. (...) Le Testament Victor Hugo laisse un testament dans lequel il dispose de sa fortune, qu’on peut évaluer à cinq millions. Les oeuvres en prose et pièces de théâtre sont laissées à la disposition de Paul Maurice, et ses autres oeuvres à M. Vacquerie. Parmi les legs faits par le grand poète, on en cite plusieurs pour des fondations de bienfaisance, notamment en faveur des gens de lettres. Le testament de Victor Hugo est déposé de puis deux ans entre les mains de M. Vacquerie et d’un notaire; la fortune est déposée chez MM. Rothschild. Le Maitre sera enterré au Père-Lachaise, à côté de ses deux fils, François-Victor et Charles. Les dernières volontés Victor Hugo a remis, le 2 aou^t 1883, à M. Auguste Vacquerie, son ami intime et le tuteur légal de Adèle Hugo, l’une des filles du poète, aujourd’hui âgée d’une cinquantaine d’années et qui se trouve dans une maison de santé des environs de Paris, les lignes testamentaires suivantes qui constituent les dernières volontés du défunt pour le lendemain de sa mort : “Je donne cinquante mille francs aux pauvres de Paris. Je refuse les oraisons de n’importe quelle Eglise. Je demande une prière à toutes les âmes. Je crois en Dieu.”