Nous partîmes de France, M.Godin, M. Bouguer et moi, en 1735, envoyés par ordre du Roi dans l’Amérique espagnole, & chargés par l’Académie de faire aux environs de l’Equateur, des observations de divers genres, et surtout celles qu’on jugeait les plus propres à déterminer la Figure de la Terre. M. Bouguer, revenu plus de huit mois avant moi, avait lu dès le mois de Novembre 1744, dans une assemblée publique de l’Académie, une Relation abrégée de nos opérations dans la province de Quito. Ceux qui n’avaient pas tenu la question de la Figure de la Terre pour décidée, les années précédentes, par les divers ouvrages de M. De Maupertuis, n’avaient rien opposé au résultat des nouvelles mesures des degrés de latitude et de longitude, exécutées en France les années suivantes, et qui toutes confirmaient les conséquences tirées des opérations du Nord. Enfin, s’il restait encore quelque partisan de l’opinion de la Terre plongée ou sphérique, l’accord de nos observations du Pérou avec celles de Lapponie & de France, leur concours mutuel à prouver l’intégralité des degrés du Méridien croissant de l’Equateur au Cercle polaire, ne permettait plus en 1744, de douter que notre globe ne fût aplat vers les poles, et ne laissaient désormais d’incertitude que sur le plus ou le moins de cet applatissement.