Carnet de voyage
Le Pamir, pour nous, est un noeud de montagnes d’une largeur méridionale de 400 kilomètres à vol d’oiseau d’où semblent se détacher les chaines les plus puissantes de l’Asie : le Triant-chân, le Kouen-louen, le Karakoroum, l’Himalaya, l’Hindou-kouch. Car c’est ainsi rayonnantes qu’apparaissent, sur une carte de l’Asie, ces gigantesques contreforts du môle central de l’Asie, ces gigantesques contreforts du môle central pamirien qui a de tout temps opposé une barrière infranchissable aux grandes migrations des peuples, des conquérants, des idées et des civilisations. Jusqu’au commencement de ce siècle, le Pamir a été une barrière, un obstacle résistant aux assauts des collectivités d’hommes; ce n’est qu’avec les progrès rapides des sciences géographiques et l’infiltration de plus en plus étendue de l’élément et de l’esprit européen autour de sa base que le Pamir a pu devenir un but, j’entends un but scientifique d’étude désintéressée. (...)
Lorsqu’en 1838 le capitaine Wood escalada, premier pionnier de la science positive des faits à enregistrer et à comparer, les pentes difficiles du « Toit du monde », on pouvait dire qu’il entreprit la découverte d’une terra incognita. Le 19 février 1838, jour de l’avènement au trône de sa gracieuse Majesté la reine d’Angleterre, il découvrait le lac sar-i-koul, auquel de ce fait historique, il donna le nom de lac Victoria. Une des principales sources de l’Oxus était découverte.