Carnet de voyage
Le Match des Universités d’Oxford et de Cambridge Notre correspondant de Londres nous adresse le compte-rendu du vingt-sixième Match des Universités d’Oxford et de Cambridge, couru à Putney le 17 courant. Pour la neuvième fois de suite, Oxford a triomphé malgré les efforts de Cambridge, mais jamais la victoire n’a été plus vivement disputée. La matinée semblait loin d’être favorable, le vent avait tourné au sud pendant la nuit et le baromètre avait beaucoup descendu. Vers le milieu du jour, la pluie s’était mise à tomber, mais après quelques averses, le temps s’était éclairci au moment du départ. Le vent venait alors de S.S.E, et, tombant presque complètement à Putney-Reach, favorisait la course dans une grande partie du trajet, cependant, il lui était contraire entre Chiswick et Barnes. Comme à l’ordinaire, une foule immense se pressait sur le rivage, et partout s’étalaient les cravates aux couleurs des Universités. Parmi les assistants, on remarquait, à bord de leurs steamers, le prince Arthur, fils de la reine Victoria, et le prince Hassan fils du vice-roi d’Egypte. A trois heures et demie environ, les deux équipes quittèrent leurs hôtels pour mettre leurs bateaux à l’eau : celui d’Oxford fut à flot à 3 heures 46 minutes et celui de Cambridge 5 à 6 minutes après, puis les deux concurrents se dirigèrent vers le bateau-bouée, à Putney-terrace, à 70 yards environ de l’embarcadère des steambots. Cette année encore, le côté Middlesex échut à Oxford. A 4 heures moins deux minutes, M.Edward Searle donna le signal, et le match des Universités commença. D’abord, Cambridge prit l’avance, mais une avance insignifiante, qui tenait peut-être à ce qu’un poste de départ, son bateau dépassait imperceptiblement celui d’Oxford. A la hauteur du Duke’s head-inn, Oxford avait regagné du terrain, et à Bishop’s-Creek les deux bateaux couraient de front. Entre Bishop’s-Creek et Craven-Cottage, l’équipe d’Oxford, qui ramait avec force et ensemble, prit de nouveau la tête. L’équipe de Cambridge ramait avec un peu de précipitation. Un peu au-dessus de Cravent-Cottage Oxford avait une demie-longueur d’avance, malgré les efforts de Cambridge, malgré les fautes de son barreur, Oxford, en passant de la fabrique de savon de MM.Cowan, dépassait son concurrent de trois quarts de longueur. A l’arche centrale du pont d’Hammersmith, Cambridge, par un puissant effort, annula presque l’intervalle, grâce aux mauvaises manoeuvres du barreur d’Oxford; pendant une minute l’équipe d’Oxford sembla désorganisée, et Cambridge passa si rapidement sous le pont suspendu que de nouveau il prit la tête. Néanmoins malgré ses habiles manoeuvres, et quoiqu’il fût encore en avant à la hauteur des Doves, on voyait bien qu’Oxford ne se laisserait pas vaincre ainsi. En effet, quoique son barreur le dirigeâtes mal, il se mit à regagner lentement mais surement du terrain. Aux cascades, dessous de Chiswyck-foot, il dépassait Cambridge de 3/4 de longueur. Depuis le point d’Hammersmith, le Rowing des deux concurrents laissait beaucoup à désirer. Devant l’église de Chiswyck, Cambridge fit un effort désespéré, mais Oxford conserva encore une demie-longueur. A la hauteur des prairies du duc Devonshire, il dépassait Cambridge d’une longueur et demie. Enfin il passa le pont de Barnes, en avance de deux longueurs. La course avait duré 20 minutes 4 secondes. Le résultat du match a répondu, il est vrai, à l’attente générale, mais jamais la lutte n’avait été si vigoureusement disputée. Il y aurait beaucoup à dire sur le Rowing (aviron) des deux concurrents, quoique Cambridge ait fait de grands progrès depuis l’an dernier. Les paris étaient 5 contre 2 et 3 contre 1 pour Oxford.